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Économie canadienne : la goutte d’eau qui fait déborder le vase ?

En recommençant à relever les taux d’intérêt, la Banque du Canada risque de causer un atterrissage brutal.

Les probabilités de récession augmentent dans les pays développés, les politiques monétaires de resserrement rapide menées pour juguler l’inflation d’après pandémie arrivant probablement à leur terme. Le Canada encourt d'ailleurs un risque de resserrement excessif comme peu d’autres pays à notre avis. De surcroît, son économie figure parmi les plus sensibles à la variation des taux d’intérêt, les ménages traînant un endettement supérieur à celui de leurs homologues de la plupart des nations développées, généralement selon un terme de cinq ans ou moins.

Les craintes d’inflation ont incité la BdC à relever de nouveau ses taux d’intérêt

La Banque du Canada a repris son cycle de resserrement cet été, après une pause de cinq mois qui suivait une hausse initiale de 425 points de base, avec un relèvement de son taux directeur de 50 pdb à l'issue des réunions de juin et juillet, lequel s’établit actuellement à 5 %.

Malgré une embellie continue de l’inflation globale d’une année à l’autre, la hausse des prix de base s'est maintenue au-delà de la cible de 2 % de la banque centrale canadienne et son conseil de direction a déclaré, au moment de prendre la décision de relever le taux directeur en juin, qu’une demande excessive subsistait dans l’économie. Les moyennes mobiles à trois mois des indicateurs préférés de la BdC, à savoir l’IPC-moyenne tronquée et l’IPC-médiane pondérée, ont oscillé entre 3,5 % et 4 % depuis le troisième trimestre 2022. En outre, la nouvelle mesure des services essentiels hors logement s’est maintenue au-dessus de 4 %.

Entre-temps, la consommation a augmenté de 5,8 % au premier trimestre 2023, à la surprise des dirigeants de la BdC qui, d’après les comptes-rendus de la réunion de juin, ont noté la vigueur particulière des services comme des secteurs plus sensibles à la variation des taux d’intérêt (automobile ou mobilier). Depuis le début du relèvement des taux d’intérêt au Canada, en 2022, le nombre de crédits immobiliers d’une durée supérieure à 30 ans a rapidement augmenté, effaçant en partie l’effet de la hausse des coûts d’emprunt sur les mensualités. En outre, une forte croissance de la population et un excès d’épargne ont probablement atténué les effets des hausses de taux précédentes.

Les hausses de taux vont commencer à se faire sentir

Nous estimons que ce calme en surface masque de futurs remous. Premièrement, la récente vigueur du marché immobilier reflète largement la détente temporaire des conditions financières à l’échelle mondiale qui a suivi la crise des banques régionales aux États-Unis ainsi que le rattrapage de demande de l’automne et de l’hiver derniers. Deuxièmement, les banques ont jusqu’à présent largement absorbé la hausse des coûts d’emprunt provoquée par le resserrement de la BdC, en augmentant la durée d’amortissement, mais cela ne peut continuer indéfiniment.

La consommation devrait en effet ralentir sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt, comparativement au niveau soutenu du premier trimestre. La Banque du Canada estimait qu’en mai 2023 les mensualités d’un peu plus d’un tiers des crédits immobiliers avaient augmenté par rapport au début du cycle actuel de resserrement. Elle s’attend à ce que près de la moitié des prêts se renégocie à des taux plus élevés d’ici la fin de l’année et quasiment les deux tiers d’ici la fin de l’an prochain.

Entre-temps, la récente augmentation de la période d’amortissement des prêts précipitera vraisemblablement les ménages plus longtemps dans la dette, malgré un niveau déjà historiquement élevé par rapport au revenu disponible au Canada. Même avec ce prolongement des périodes d’amortissement qui a contribué à amortir le choc de la hausse des taux hypothécaires, le ratio du service de la dette immobilière du Canada dépasse actuellement celui des États-Unis lors du déclenchement de la crise financière mondiale.

Dans l’ensemble, cette hausse des mensualités devrait peser sur la consommation et contribuer à absorber l’excès de demande dans l’économie.

Implications pour les placements

Alors que la reprise du resserrement monétaire contribuera normalement au retour de l’inflation à la cible plus rapidement, les possibilités d’un atterrissage brutal augmentent. Les ménages ne ressentent effectivement pas encore le plein effet du resserrement initial de 425 pdb, et une hausse supplémentaire de 50 pdb a été décidée aux deux dernières réunions de la BdC. En l’occurrence, un nombre croissant de propriétaires immobiliers devront renouveler leur hypothèque à des taux plus élevés. Nous nous attendons à un ralentissement de l’économie américaine et de l’activité mondiale qui pèsera sur les exportations, amoindrira la demande sur le marché du travail et grugera le revenu disponible des ménages, avec un effet composé.

De nombreuses familles canadiennes risquent effectivement de subir une hausse de mensualité au moment même où leur emploi paraît moins stable, puisque l’économie ralentit et que la croissance commence à ne plus compenser l’augmentation rapide de la population active.

Dans ce contexte et à la lumière des valorisations actuelles, la portion à court terme de la courbe canadienne des taux obligataires (qui reflète de nouvelles hausses de 15 pdb et un moins grand nombre de baisses en 2024 qu’au sud de la frontière) nous paraît aussi attrayante que les portions à long terme, même aux États-Unis.

LES AUTEURS

Vinayak Seshasayee

Gestionnaire de Portefeuille

Graeme Westwood

Économiste

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